Interview de Joseph Vogel
Lorsque la famille Jackson et les fans se rassembleront au théâtre chinois de Grauman à Hollywood cette semaine pour immortaliser des empreintes de Michael Jackson dans le ciment [cf. News du 09/01/2012] , il sera essentiellement question de célébrer l’héritage du Roi de la Pop comme une icône de la musique.
La musique n’était cependant pas le seul talent de M. Jackson. Il était un entrepreneur averti qui connaissait son public et qui, jusqu’à sa mort en 2009, s’est efforcé d’améliorer constamment ce qu’il lui proposait et qui faisait sa marque de fabrique.
Joe Vogel, l’auteur de “Man in the Music: The Creative Life and Work of Michael Jackson” (2011) [cf. News du 03/04/2011] a accepté d’évoquer cet aspect dans une interview exclusive pour BusinessNewsDaily.
Le parcours de Michael Jackson ne saurait simplement s’expliquer par le talent et la chance. Il a fait certains choix et avait également un esprit d’entreprise qui lui a permis de se hisser au sommet de la musique mondiale.
Joe Vogel explique que « l’une des plus grandes qualités de Michael Jackson était sa capacité à imaginer quelque chose dans son esprit – quelque chose d’audacieux, différent et innovant – et puis d’avoir la volonté et la discipline de travail pour le réaliser. Il était constamment en train d’essayer de repousser ses limites et celles de ses collaborateurs pour aller au-delà de ce qui se faisait. Il citait souvent à ses amis et collaborateurs «Jonathan Livingston le goéland», une fable sur le refus de la conformité et la recherche de l’excellence. Regardez, même avec ses concerts “This Is It” , alors qu’il était âgé de 50 ans, il n’acceptait pas la médiocrité. Il voulait que les spectacles soient différents de tout ce que les gens avaient connu auparavant. »
Cette volonté de se réinventer en permanence était un choix délibéré de Michael Jackson et représentait un effort pour proposer à chaque fois quelque chose de nouveau et captiver son auditoire.
Selon Joe Vogel : « Pour Michael Jackson la stagnation d’un artiste, cela signifiait sa mort. Il détestait l’idée de simplement répéter des formules. C’est pourquoi, il transformait et réinventait constamment son image, le style et le son, laissant les gens spéculer et en vouloir davantage.
Mais il y avait aussi des continuités dans son image/personnage : certains symboles, marques et qualités. Il est peut-être le seul artiste qui peut être représenté dans cinq à dix poses différentes en silhouette et que les gens reconnaissent de suite. Il était très réfléchi dans ses choix. Une chose qu’il a toujours craint, c’est la surexposition. (…) Par exemple, il n’aurait jamais fait une série de performances télévisées et d’interviews pour promouvoir un album, comme le font la plupart des artistes aujourd’hui.
Il aurait plutôt fait un show dont l’impact aurait été considérable. » (comme par exemple Motown 25th ou encore la mi-temps du Super Bowl en 1993, etc.)
Concernant la marque de fabrique de Michael Jackson, et ce que MJ cherchait à « vendre » à son auditoire, Joe Vogel estime que « Michael Jackson était un peu comme Steve Jobs au sens où chaque nouveau produit – que ce soit un album, un vidéoclip, un single – était un événement.
La marque consistait en cette excitation , car on savait que quoi qu’il sorte , ce serait du dernier cri, que ce serait unique et de la plus haute qualité. »
Comme la plupart des entrepreneurs, MJ a fait des bons et des mauvais choix. Joe Vogel déclare à ce sujet : « Michael a pris des très bonnes décisions dans les affaires durant les 10-15 premières années de sa carrière adulte, et de très mauvaises décisions dans ses 10-15 dernières années. Sa décision la plus intelligente a été non seulement de conserver les droits de ses enregistrements originaux (avant lui, il y avait une longue histoire d’exploitation des artistes dans l’industrie de la musique, en particulier des artistes afro-américains), mais aussi en cherchant à acquérir activement les droits d’édition [d’autres artistes], y compris le catalogue des Beatles.
Ses pires décisions sont intervenues quand il a eu beaucoup d’argent et pas beaucoup de cohérence ou de surveillance. [Par] sa gestion, à partir du début des années 90 (…), il est devenu vulnérable aux extorsions, à l’exploitation et aux dépenses excessives parce qu’il n’avait plus confiance, [n’était plus] vigilant, [et n’avait plus] autour de lui une équipe qui lui était dédiée. »
Pour Joe Vogel, la principale chose qu’un propriétaire d’ entreprise ou un entrepreneur doit retenir du businessman Michael Jackson, c’est que « pour faire quelque chose de grand, cela nécessite deux choses, la vision et le travail. Michael approchait chaque nouveau projet avec une passion sans bornes et cette énergie était contagieuse pour ses collaborateurs. Mais ce qui a vraiment impressionné ceux qui ont travaillé avec lui, c’était sa capacité à mener ses idées jusqu’à leurs réalisations.
Il rêvait grand et ensuite il travaillait sans relâche jusqu’à ce que son rêve voit le jour.»
Sources : businessnewsdaily.com / MJLegend
25 Jan 2012 by BIGBROTHER