Plus jamais ça…

Sony et l’Estate viennent de retirer les titres “Breaking News”, “Keep Your Head Up” et “Monster” de la tracklist de l’album posthume “Michael” sur les plateformes de streaming (pour l’instant Apple Music et Deezer).

C’est une victoire pour les fans qui soupçonnaient depuis la sortie de l’album en 2010 que ces 3 titres n’étaient pas interprétés par le King of Pop.

Ce retrait soudain est sans doute le résultat du long procès mené à l’initiative d’une fan particulièrement motivée, Vera Serova, contre Sony et les producteurs du disque.

Dernier épisode de ce procès fleuve, les parties se sont retrouvées devant la Cour suprême de Californie le 24 mai dernier.

En 2014, Vera Serova a lancé une “class action”, contre les producteurs. Sa plainte était dirigée contre Eddie Cascio, ami de Michael Jackson (et producteur avec ses frères du dernier album de la star), et sa société de production, contre James Porte, auteur des chansons, et contre Sony Music Entertainment, la maison de disques du Roi de la pop. Depuis, d’appel en appel de part et d’autre, le procès se poursuit.

Au cours de cette procédure, Vera Serova a non seulement produit l’expertise d’un spécialiste du son qui a mis en doute l’authenticité des morceaux, mais elle a également accusé Sony Music et Eddie Cascio d’avoir supprimé toute preuve de cette arnaque. Un imitateur, pour certains Jason Malachi, serait le véritable interprète des trois chansons.

Le 23 août 2018, Sony avait reconnu devant la cour d’appel de Californie que ces chansons n’avaient pas été interprétées par Michael Jackson, avant de revenir sur cette déclaration le lendemain.

Lors d’une audience en 2016 sur cette affaire, l’avocat du camp de Sony et de l’Estate Zia Modabber a fait valoir au nom de Sony et de la succession que si quelqu’un devait être tenu responsable de la fraude, ce devraient être les producteurs originaux des chansons – Eddie Cascio et James Porte – parce qu’ils les ont fournies sous le faux prétexte qu’elles étaient authentiques.

Le 24 mai 2022, devant sept juges de la Cour suprême, M. Modabber a présenté le même argument au nom de Sony et de la succession.

Lors de l’audience, Modabber a déclaré au tribunal que Sony et l’Estate étaient “100%” certains que les voix des chansons en question étaient authentiques sur la base d’une enquête menée par l’ancien avocat de l’Estate Howard Weitzman en novembre 2010.

Quelques minutes plus tard, dans une volte-face complète, Modabber a affirmé que ni Sony ni l’Estate n’étaient en mesure de savoir qui chantait la partie vocale – un backflip que le juge Groban a de suite pointé du doigt : “Comment cela peut-il être les deux à la fois ? Pourquoi Sony dit avec une certitude à 100% que Michael est le chanteur s’ils n’en sont pas certains ? C’est essentiellement ce que je retiens de vos propos maintenant.”

M. Modabber a également avancé un certain nombre d’arguments tout au long de sa présentation de 30 minutes qui ne semblaient profiter qu’à la cause de la plaignante Serova.

À un moment donné, Modabber a expliqué que l’identité de l’artiste est ce qui donne à l’art son sens et sa valeur. En d’autres termes, si Michael Jackson ne chantait pas sur les chansons en question, elles seraient hors de propos et sans valeur :

“L’identité de l’artiste fait partie intégrante de l’art. Cela donne un sens à l’art” a déclaré l’avocat, au nom de Sony et de la succession avant de donner un exemple :

“Il y a une chanson que Michael a écrite et qui s’appelle ‘Leave Me Alone’, cela parle du fait d’être persécuté par la presse. Quand Michael Jackson chante cette chanson – parce que c’est Michael Jackson qui la chante – cela donne un certain sens à cette chanson. Si je chantais cette chanson – personne ne se soucierait de moi – ça n’a pas le même sens que si Michael Jackson chante cette chanson. Et c’est pourquoi les auteurs et la source de l’art font partie de – et sont intimement liés à – l’art lui-même… Cela ajoute indéniablement au sens de l’art.”

En clair, sans le nom de Michael Jackson sur les chansons en question, ils ne pourraient pas les exploiter commercialement. Dès lors, si l’on suit la logique de Sony, la justification faite par l’avocat revient à dire que l’entreprise n’avait d’autre choix que d’attribuer faussement la paternité des chansons à Jackson afin de leur donner un sens et une valeur aux yeux des consommateurs.

Aujourd’hui, grâce à l’action déterminée de fans comme Vera Serova ce ne sont plus que 7 titres qui composent officiellement cet album.

Le combat continue.

Sources : california18.com / damienshields.com / MICHAELzine

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