Back to the Roots

Il y a quelques jours, Santita Jackson, la fille du révérend Jesse Jackson, a posté une photo-souvenir montrant son père avec les Jackson 5. Rappel d’une époque, d’une filiation, d’une communauté.

Car même si le soutien de la communauté afro-américaine et son adhésion à l’œuvre de Michael Jackson ne fut pas un long fleuve tranquille, il n’empêche que Jesse Jackson, figure emblématique du combat pour les droits civiques, fait partie de ces rares personnes à avoir côtoyé et soutenu la famille du Roi de la Pop dans ses heures sombres.

En 2009, Jesse Jackson avait rédigé l’avant-propos de l’ouvrage consacré par la société Kraken Opus à Michael Jackson. Il écrivait alors :

Nous devons nous rappeler que Michael vient d’une famille et qu’il y est toujours resté attaché. Avant qu’ils ne deviennent la famille la plus phénoménale de l’histoire de la musique, les Jackson étaient une modeste famille de 11 membres vivant ensemble dans une simple maison de 4 pièces : 6 garçons, 3 filles, un père démontrant la discipline du travail acharné en exerçant deux emplois et une mère pieuse inculquant la substance spirituelle d’une conviction religieuse.
Les parents de Michael ont enseigné aux enfants la musique et la chorégraphie, la discipline et les valeurs. Alors qu’au même moment, d’autres enfants jouaient sans but ne bénéficiant ni de cette structure ni des retombées positives d’une telle dévotion.
C’est cet environnement qui a produit Michael Jackson. A travers le succès de Michael, dans tous les lieux où il a voyagé, au travers de tous les changements dans sa vie, il a toujours conservé les valeurs qui l’ont construit : une loyauté envers la famille, un dévouement pour travailler dur, une sensibilité spirituelle, et la conscience sociale forgée dans les rues de Gary, Indiana.

Et nous ne devons pas oublier que Michael Jackson est arrivé à un moment particulier de l’histoire. Quand Michael et ses frères ont gagné en importance, le mouvement des droits civiques travaillait depuis des décennies à la démolition du mur de l’apartheid américain.
La nation n’avait pas – et, bien sûr, pas non plus maintenant – créé une utopie raciale, mais nous étions au commencement d’un long processus (…).

Après des années de ségrégation, de subordination et d’aliénation imposées par la loi, nous donnions naissance à une nation où les Blancs et les Noirs pouvaient commencer à aller ensemble à l’école, jouer ensemble, s’asseoir à des comptoirs lunch ensemble, danser ensemble aux mêmes concerts et se voir comme des Américains, également investis et un même droit au rêve américain. Aujourd’hui, ces choses peuvent sembler banales. A l’époque, elles étaient révolutionnaires.

Michael a bénéficié de ces changements et y a contribué. Alors qu’en tant qu’activistes nous marchions sur des ponts en manifestant pour la justice, Michael a démontré qu’il était possible de construire des ponts grâce à la musique. Les pas de danse de Michael dans les airs comme nos pas sur les routes, aidaient à créer ce moment spécial d’une révolution des consciences dans laquelle les Afro-Américains pourraient publiquement encourager et être inspirés par l’un des leurs, et les Américains blancs pourraient commencer à adopter une icône noire américaine d’une manière inimaginable, et une nouvelle génération d’amoureux blancs et noirs – mélomanes de toutes les races, vraiment, – pourraient se réunir pour crier leur joie à Michael Jackson, tout comme auparavant un public plus ségrégué frissonnait pour Elvis. Cela aussi faisait partie du “Rêve”.

Michael était prêt pour cette époque, tout comme cette époque était prête pour Michael. Dix ans plus tôt, Michael aurait trouvé une Amérique trop clivée par la division raciale pour reconnaître et célébrer son talent; quelle perte cela aurait été pour le monde.

(…)
Dans des temps de tumultes et de doutes, de conflits raciaux persistants et de guerres omniprésentes sur tous les continents, dans les dancings et les stades, sur les chaînes de télévision et les radios, Michael Jackson a partagé ses dons et offert aux gens du monde entier une raison de célébration, une occasion d’exprimer leurs joies ensemble, un moyen d’apaiser leurs peurs, un aperçu précieux de l’amour et de l’unité. (…) Il n’est pas nécessaire d’être parfait pour être louable. Ceux qui sont obsédés par ses prétendus vices restent étrangement ignorants de ses abondantes vertus. (…)

J’ai connu Michael pendant près de 40 ans, je l’ai regardé sur scène en tant que pré-adolescent, prié avec lui et ses frères alors jeunes adultes dans les coulisses au lancement du Victory Tour, je l’ai eu chez moi où il a dédicacé “I Love You” sur mon mur. Je suis attristé qu’il ait quitté ce monde, mais son héritage perdurera. (…)

Tout au long de sa vie, dans les bons et mauvais moments, Michael a conservé une véritable générosité d’esprit. Dans un monde où la culture de la cupidité domine, Michael a toujours voulu pour les autres ce qu’il avait pour lui-même. Michael aimait les gens et voulait que les gens s’aiment les uns les autres. Il ressentait la joie sacrée de la musique et de la danse et voulait que les autres connaissent aussi cette joie.

En tant qu’artiste, il a eu le courage de révéler ses aspirations et ses frustrations les plus profondes, et il voulait que les autres aient le même courage. Il a atteint des sommets sans précédent et voulait la même chose pour ses auditeurs.

A l’époque, notre travail était parallèle: espérer aider les gens à croire à la fois en eux-mêmes et en quelque chose de plus grand qu’eux-mêmes.
Lors de rassemblements, j’exhortais les jeunes et les exclus à proclamer “je suis quelqu’un” alors que dans “Wanna Be Startin’ Somethin’” Michael exhortait son auditoire : “Redresse la tête bien haut / Et crie au monde / Je sais qui je suis / Et laisse la vérité se diffuser / Personne ne peut te blesser à présent / Parce que tu connais la vérité / Oui, je crois en moi / Alors crois en toi.”
Et il le pensait. Quand il a chanté “vous êtes juste une autre partie de moi (“You’re just another part of me”), il voulait vraiment dire que nous faisons tous partie l’un de l’autre. Nous sommes, en vérité, le monde. (“We are the World”).

Et il a vu le monde changer grâce au travail qu’il a fait. Les acteurs du changement s’appuient toujours sur ceux qui sont venus avant eux. Mohandas Gandhi en 1948 a ouvert la voie pour Martin Luther King Jr en 1968, qui a ouvert la voie pour le mouvement Rainbow en 1988, qui a permis de rendre possible la victoire de Barack Obama en 2008. (…)

Et nous devons mettre au crédit de Michael d’avoir aidé cette dernière transformation sociale. Pour beaucoup d’Américains non africains, Michael a été la première personne noire qu’ils ont aimée. Il leur a montré que cela pouvait être fait. (…)
En 1991 Michael a chanté [dans un titre] célèbre “peu importe si vous êtes noir ou blanc”. En 2008, l’Amérique s’est rappelée à lui. (…)

Michael pensait réellement que l’on pouvait guérir le monde grâce au pouvoir de la musique et l’amour. (…) Même après sa perte déchirante, son travail continuera à nous toucher, à nous émerveiller et à nous enrichir. Nous aurons toujours du Michael Jackson dans nos cœurs.

En ce début d’année 2018, que souhaiter de mieux qu’une plus grande entente entre les uns et les autres et un monde plus sain. Être idéaliste ce n’est pas faire preuve de naïveté, c’est simplement ne pas accepter ce que vous vivez comme une fatalité.
Et ce changement, pour un monde meilleur, il commence par vous-même (“If you wanna make the world a better place / Take a look at yourself, and then make a change”).
Les fans de Michael Jackson ne sont pas simplement des adorateurs de sa musique, de sa danse, de ses courts-métrages musicaux. Ils adhèrent aussi à son message.

Et si les choses vont à vau-l’eau dans la société, au moins vous savez d’où vous venez.

Back to the Roots…

MJLegend

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