Sur l’enregistrement de “Thriller”

Le journal italien “Mondo Padano” a publié récemment une interview du musicien Beppe Cantarelli qui a participé à l’enregistrement de l’album Thriller à Los Angeles en 1982.

B. Cantarelli a notamment expliqué : “Je venais d’émigrer aux États-Unis et j’ai pu assister à de nombreuses sessions pour cet album, ainsi que d’autres productions de ces années de mon idole Quincy Jones (avec qui il a travaillé comme guitariste sur une tournée aux États-Unis, NDLR). J’ai profité de ces expériences pour voir et apprendre à propos du processus d’enregistrement, du mixage, du mastering et la post-production (…).
Après la diffusion du single en duo avec Paul McCartney, “The Girl Is Mine” à la fin de cet été, Quincy Jones devait remettre l’album avant Noël pour une commercialisation imminente. Quincy a distribué à toutes les personnes impliquées une cassette audio ( en 1982, il n’y avait rien numérique, pas de CD, ou PC, ou clé USB,…) avec le “rough mix” de l’album pour faire des commentaires utiles.

Dans ce premier brouillon, il y avait trois pistes qui se sont ensuite révélées essentielles : “Beat It”, “Billie Jean” et “Thriller”. On ne peut imaginer l’album sans ces 3 chansons!

Contre l’avis de la maison de disques (Epic), (…) Quincy Jones avait eu à un moment le courage, la conviction et la capacité artistique de faire reporter la publication de l’album pour faire pression sur [Michael Jackson] et d’autres compositeurs comme Rod Temperton, Steve Porcaro , Michael Sembello pour composer de nouveaux morceaux. Puis vinrent les trois chansons citées ci-dessus, dont celle qui allait donner son titre à l’album ! Ce fut une expérience inestimable et, naturellement, qui m’a enrichie à tous les niveaux, dans la profession et l’art. (…)

“Thriller” était le deuxième album produit par Quincy Jones pour Michael Jackson en solo après son départ des Jackson 5. Il succédait à l’album “Off The Wall” qui avait déjà été un succès dans le monde entier avec plus de 8 millions d’unités vendues uniquement aux États-Unis. De toute évidence, cela avait non seulement créé des attentes, mais aussi un engagement fort pour le producteur, l’artiste et la maison de disques afin de produire une suite qui capitaliserait sur la réussite du précédent album. Il y avait un tel engagement artistique que lors de la production, il se disait que c’était un album révolutionnaire. Cela dit, je ne pense pas que quiconque imaginait un succès commercial dans ces proportions!”

Concernant la modernité de “Thriller”, album le plus vendu de tous les temps, et qui fait toujours office de référence, B. Cantarelli a ajouté : “Quand l’art, quelle que soit sa forme (musicale, visuelle, littéraire, etc.) n’est pas simplement une activité commerciale liée aux tendances du moment, qu’il ne cherche pas à donner au public ce qu’il veut, mais qu’il cherche plutôt à l’”éduquer” et offrir quelque chose de nouveau qui s’affranchit des conventions, il s’inscrira dans le temps et continuera à bénéficier d’une grande audience”.

Interrogé sur la personnalité de Michael Jackson, B. Cantarelli a confié : “Au fil des ans, après d’innombrables interviews, articles de journaux et ce qui a été dit à la télévision, je me suis toujours refusé à croire (…) que Michael Jackson ait pu avoir envers un enfant le comportement immoral et inhumain que certains lui ont attribué. J’ai toujours cru et je le crois encore que ce sont plutôt les parents qui ont eu sciemment un comportement contraire à l’éthique et inacceptable dans le simple but de faire de l’argent. (…)
Pour moi, le seul regret a été de voir que la justice américaine (…) ne faisait pas la bonne chose. Il fallait enquêter et poursuivre les parents qui , toujours à mon avis, ne méritent pas d’être considérés comme tels. Alors que la seule «faute», à supposer que l’on puisse appeler cela de la culpabilité, que je puisse attribuer à Michael (et tous ceux qui l’ont connu peuvent témoigner) est d’avoir eu un comportement naïf alors que quelques conseillers l’avaient averti qu’il devait être prudent, surtout après avoir payé 23 millions de $ précédemment pour éviter de comparaitre devant un tribunal et avoir à se justifier contre ces accusations calomnieuses et sans fondement”.

Nous vivons à une époque où l’industrie musicale a cherché à créer de nouveaux “Michael Jackson” et à reproduire le succès de “Thriller”.
Quel regard le musicien qui a travaillé avec le Roi de la Pop porte-t-il sur cela ? : “Durant toutes ces années, nous avons vu de nombreuses tentatives, mais il s’est avéré, malgré parfois un certain succès commercial que [certains albums] ont été considérés comme “artistiquement ridicules”. Aux copies, je préfère toujours l’original!”
On l’aura compris, il n’y a qu’un seul Michael Jackson et il restera inégalé.

Enfin, concernant l’héritage laissé par “Thriller” dans l’histoire de la musique et de l’art en général, B. Cantarelli a expliqué : “Comme déjà évoqué, les exigences et les paramètres qui ont permis de créer un bon équilibre, un compromis acceptable, sinon optimal, entre le marketing et la créativité. Ces sont des ingrédients nécessaires et inévitables, non seulement pour en faire un phénomène médiatique ou commercial, mais il faut aussi considérer la musique comme une forme d’art, d’expression d’artistique à tous les égards et ne pas la considérer comme de la restauration rapide, également appelée “malbouffe”, terme qui veut tout dire”.

Sources : Mondo Padano / mjhideout.com / MJLegend

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