Michael Raisin : inédit !

Quelques secondes d’une vidéo complètement inédite montrant Michael Jackson enregistré par les studios de Will Vinton à l’époque “BAD” pour le spot publicitaire en claymation du CALRAB (California Raisin Advisory Board) viennent d’être diffusées sur le Web pour le plus grand bonheur des fans.

La courte séquence provient d’un film destiné à promouvoir “The Frog Prince” , un film d’animation en claymation (pâte à modeler animée) de ces mêmes studios , qui devait être une adaptation du “Roi Grenouile”, un conte figurant dans l’un des recueils des frères Grimm.

Le projet “The Frog Prince” des studios Vinton ne vit finalement jamais le jour. Mais dans cette vidéo promotionnelle, W. Vinton explique comment ses studios parviennent à donner une humanité aux personnages en pâte à modeler : “L’une de nos astuces pour améliorer la crédibilité des personnages est l’utilisation intensive de vidéos de référence. Nous filmons en direct des acteurs parlant et se déplaçant à travers des scènes, puis utilisons ces films comme des références à partir desquelles animer“.

L’instant “Michael Raisin” est placé à ce moment précis :

Pour vous faire entrer un peu plus encore dans l’univers de Michael Jackson, nous vous proposons en bonne qualité deux pages du storyboard du spot “Michael Raisin” jamais diffusées ailleurs (et sans filigrane) en provenance de nos archives.

Comme vous pouvez le remarquer en bas de la page 10, le storyboard contient aussi une scène qui ne figure pas dans le spot de 67 secondes…

Scan : MICHAELzine
Scan : MICHAELzine

Enfin, pour poursuivre ce partage, nous vous proposons l’article que nous avions publié dans MICHAELzine #5 sur “Michael Raisin” et là aussi , pour l’occasion nous avons scanné quelques documents jamais diffusés ailleurs à ce jour.

Retour sur l’histoire du concept «Michael Raisin™»

Le vendredi 28 juillet 1989, 5700 cinémas américains diffusaient «Michael Raisin™» un spot de pub de 67 secondes pour vanter les raisins secs californiens.
Relayé par les quotidiens du pays, l’événement marquait un étape supplémentaire dans l’association entre le CALRAB, les studios Will Vinton et l’agence publicitaire Foote, Cone & Belding.
Après Ray Charles (1988), c’était désormais au tour de Michael Jackson d’être lié aux fameux raisins. Avec un coût de 11 millions de $, l’investissement dans « Michael Raisin™ » dépassait de 16% celui des spots de « Raisin Ray ».

Il s’agissait certes d’une somme importante, mais une goutte d’eau pour le CALRAB dont les différentes licences de produits dérivés avaient généré près de 500 millions de $ de chiffres d’affaires en 1988. Le merchandising proposait en effet aux consommateurs plus de 300 articles (draps, t-shirts, sacs à dos, jouets,…).
Le partenariat entre le CALRAB et les studios W. Vinton était une véritable « success story ».

Une petite figurine en résine à l’effigie de Michael Raisin™ a été commercialisée en 1989 aux USA – Photo : © Michaelzine

Populaires et reconnus

En 1987 et 1988, la compagnie Video Storyboard Tests s’était distinguée avec sa campagne publicitaire pour la société « California Raisins » : les consommateurs l’avaient élue comme la plus populaire, devançant ainsi les pubs des géants comme Pepsi-Cola, McDonald’s et General Motors.
Trois spots commerciaux des California Raisins avaient été récompensés d’un prestigieux Clio Awards.
Entre 1986 et 1988, six spots mettant en scène les claymations des fameux raisins californiens ont été produits : « Late Show », « Lunch Box», « Playing With Your Food », « Raisin Ray », « Locker Room » et « Intermission ». Côté popularité, en 1988, les personnages des clips « California Raisins » se classaient deuxième derrière Bill Cosby.
En 1989, ils ont même eu droit à leur série sur la chaîne CBS. A l’été 1988, la société des raisins californiens la traversée d’Est en Ouest les USA à bord d’un luxueux motor-home et visité 27 villes en 45 jours.
Au programme : rencontres avec les maires, avec les fans , mais aussi avec les enfants dans les hôpitaux et les personnes âgées dans les maisons de soins, histoire de leur apporter un peu de gaieté.

Le partenariat avec Michael Jackson

Pendant le tournage de la séquence «Speed Demon» pour le long-métrage «Moonwalker», Will Vinton a offert à MJ un set de figurines en résine de personnages «California Raisins». Quelques temps plus tard, lors d’une conversation téléphonique, le sujet est revenu sur la table et Vinton a confié à Michael qu’il cherchait de nouvelles idées pour son concept.
MJ a alors clairement fait savoir qu’il aimait ce véritable phénomène que représentaient les pubs pour les raisins californiens.
Une chose en amenant une autre, la conversation s’est conclue sur l’idée que Michael Jackson allait donner son image à leur prochaine campagne de pub.
C’est à la fin du mois de mars 1989 que Vinton contacte Robert Phinney, directeur du CALRAB et en charge du marketing, pour lui soumettre l’idée. La première réaction de Phinney fut de croire à un poisson d’avril car il lui semblait impossible pour sa société d’enrôler une star du calibre de Michael Jackson.
Et même lorsque la production du spot est entrée dans une phase active, le CALRAB, qui vivait alors un rêve éveillé, croisait les doigts pour que ce projet se concrétise réellement.
Vinton et Jackson ont réfléchi à l’histoire que raconterait le spot et sont tombés d’accord sur l’idée de présenter une scène de concert de rock montrant Michael Raisin et son groupe.
A la fin du clip, un claymation de Michael Jackson allongé sur un sofa suggérerait que cela n’était qu’un rêve.
A propos du concept, Vinton expliquait que cela avait été un véritable défi de créer un personnage en pâte à modeler qui laisse ressentir le véritable «esprit» de Michael Jackson.
Au final, la publicité «Michael Raisin™» se déclinait en 3 versions : l’une de 67 secondes destinée aux cinémas en juillet 1989 et deux autres versions, de 60 et 30 secondes destinées à être diffusées deux mois après à la télévision américaine à partir de la mi-septembre.

Flyer envoyé aux membres du fan-club “The California Raisins” pour informer de la prochaine diffusion du clip publicitaire “Michael Raisin” dans les cinémas et à la télévision. – Scan : MICHAELzine

Officiellement, Michael n’a pas bénéficié d’un juteux contrat en prêtant son image pour cette pub. Il y aurait participé gratuitement. Quoi qu’il en soit, la communication mise en place à l’époque mettait en avant cet aspect.

Veronica Kludjian, alors vice-présidente de Foote, Cone & Belding, (l’agence de pub de San Francisco en charge de cette campagne) précisait que l’argent n’avait pas été la préoccupation qui avait mené le projet.
Mais selon plusieurs sources, MJ aurait touché 25 000$ pour sa participation au clip et aurait reversé cette somme à une oeuvre de charité.

Le fruit d’un long processus

Un spot de 30 secondes avec des personnages «raisins» en Claymation demandait en moyenne 3 mois de production.
Il fallait une journée entière pour créer une seconde de film. Chaque seconde de film contient 24 images (soit 1440 images pour le spot de 60 secondes).


Pour la première étape, les studios Vinton enregistrent des vidéos de personnes en train de parler, chanter, danser, et jouer la comédie. Cela doit servir de modèle pour les personnages en pâte à modeler. Pour les premières pubs des raisins californiens, le travail s’est basé sur des vidéos des grands artistes de la Motown. Pour «Michael Raisin™», une petite équipe s’est envolée pour Hollywood et a passé 5 heures en compagnie de Michael Jackson pour enregistrer 30 minutes de vidéos où MJ interprétait des mimiques et attitudes, mais aussi chantait et dansait sur une petite scène.

En août 2011, 90 secondes de cet enregistrement ont été diffusées sur le Web. David Altschul , l’un des animateurs avait confié au magazine USA Today : «Michael savait exactement ce qu’il voulait que chaque personnage fasse».
Même si cela montre l’implication de Michael Jackson dans ce projet, il convient de comprendre que Michael acceptait de se plier aux exigences des studios Vinton. Le même procédé avait par exemple été utilisé en 1986 : pendant une demi-heure, l’acteur américain Pons Maar avait mimé des situations et des attitudes destinées à animer le personnage «The Noid» qui apparaissait dans les pubs de Domino’s Pizza.
Deuxième étape, de retour aux studios basés à Portland (Oregon), les personnages en pâte à modeler (d’une hauteur d’environ 20cm), sont sculptés avec les mêmes caractéristiques que les personnes qui ont servi de modèles.
Ensuite, on passe à l’étape de l’animation des personnages et à l’enregistrement. Cette étape est assez longue et difficile et peut prendre plusieurs mois.
Une fois la scène en place, les animateurs prennent un premier cliché avec les personnages statiques. Puis ils procèdent à de très petits ajustements (comme par exemple, lever un sourcil, déplacer une lèvre, incliner un bras, etc.) avant de prendre un nouveau cliché.
L’objectif premier était de créer l’illusion du mouvement en 3 dimensions. L’autre aspect important consistait en la parfaite animation des personnages. Dans le cas de «Michael Raisin™», le spectateur pouvait ainsi constater que le personnage principal bougeait son bassin comme seul Michael Jackson savait le faire…
Côté musique, le clip laisse entendre quelques secondes de l’instru de la chanson «Bad» avant de céder la place à «I Heard It Through The Grapevine». Cette chanson du label Motown fut d’abord enregistrée par «Smokey Robinson & The Miracles» puis notamment reprise par Marvin Gaye en 1968.
Dans le spot «Michael Raisin™», il n’était pas possible d’utiliser la voix chantée de MJ à cause de l’exclusivité du contrat qui le liait à la société Pepsi.
Un imitateur s’est donc chargé d’interpréter une version rock et nerveuse de «Grapevine» avec une touche jacksonienne.
A la fin du spot néanmoins , MJ prête sa voix à un personnage en pâte à modeler allongé sur un sofa en train de dormir. Au moment, où il se réveille, c’est-à-dire après que le spectateur ait assisté à la scène de concert , le personnage dit «ça doit être quelque chose que j’ai mangé !» suggérant ainsi au public que «Michael Raisin™» n’était qu’un rêve bizarre…

Raisinographie d’une idole !

Scan : MICHAELzine

Les fans ne le savent pas toujours mais Michael Raisin™ a une «raisinographie» officielle, autrement dit une biographie officielle qui a été diffusée au moment du lancement de la campagne publicitaire.
Avec son gant à paillettes et son style musical unique ce grain de raisin s’est toujours «démarqué du reste de la grappe». Il a cultivé sa popularité avec une belle moisson de tubes.
Michael est né dans une famille qui baignait dans la musique. En 1970, alors qu’il n’avait que 11 ans, il a fait ses premières gammes aux côtés de ses frères au sein du groupe «Raisin 5». Ce groupe, dont Michael était le chanteur principal, s’est mis à la recherche d’un label naturel.
Michael Raisin a grandi en écoutant son artiste favori Chuck Rasberry (littéralement «Chuck Frambroise», à ne pas confondre avec Chuck Berry) et sa chanson préférée «I Heard It Through The Grapevine».
Il s’est également intéressé à d’autres styles musicaux et l’un de ses artistes préféré était le crooner Bing Cherry (littéralement «Bing Cerise», à ne pas confondre avec Bing Crosby).
Côté danse, sa première influence fut Fred A’Pear (littéralement «Fred La Poire», à ne pas confondre avec Fred Astaire). Michael a intégré sa grâce et son talent à son propre style. Du jour au lendemain, les membres des «Raisin 5» ont été arrachés par Grotown Records et placés entre les mains de Berry Gourde.
Berry les a signés sur son label et est devenu leur manager. Les Raisins enchaînèrent ensuite avec une performance télévisée au «Ed Succotash Show» (à ne pas confondre avec le «Ed Sullivan Show») où ils ont interprété leur 1er tube «A-B-C’ dless» devant une foule enthousiaste.
Le groupe des «Raisin 5» semait ainsi les graines de son futur succès. Bien que le groupe ait continué durant des années à sortir des albums, dès 1971 le jeune Michael a débuté ses premières coupes en solo. Il a commencé à véritablement s’épanouir avec son tube «The Way You Make Me Peel».
C’est en 1979 avec l’album «Off The Vine» que Michael a montré qu’il était arrivé à maturité. Passée «hors des mûres», sa musique est devenue moins acidulée et plus subtile.
A partir de cette époque, Michael a commencé à récolter de nombreux tubes. Son album «Shriveler» («Ratatiner») a marqué les esprits avec 40 millions de copies écoulées dans le monde et certains de ses vidéoclips comme le single «Billie Bean» («Billie Haricot») ont redéfini les standards du rock’n’roll. L’éclosion de ce nouveau talent s’est ensuite confirmée avec le succès de l’album «Bud» («Bourgeon») , un album porteur d’espoirs dans un monde de fruits et de légumes pourris, et avec la vidéo «Moonstalker» en 1988.

L’interview de Michael Raisin :

Autre fait méconnu, il existe une trace écrite (mais pas de vidéo diffusée sur ce point ! ) d’une interview de Michael Raisin.

Scan : MICHAELzine

Extraits :


Michael, qu’est-ce qui a décidé une superstar comme vous à participer à ce nouveau spot des California Raisins ?
Michael Raisin : «Eh bien, quand j’étais plus jeune, je traînais avec des raisins. Eh oui, on était jeunes et verts !
Ensuite, quand le monde nous a découvert, nous avons perdu le contact pendant un moment. Alors quand ils m’ont appelé et m’ont dit «Hey, Mikey —- tu veux jouer aussi ?… C’était une chance pour moi de faire quelque chose de vraiment délicieux !
Après tout…Moi aussi, je suis un raisin de Californie !
»

Le metteur en scène frappe alors à la porte pour délivrer un «Showtime. Mr Raisin !»


Michael Raisin : «Oops ! C’est à moi… Les gars m’attendent ! J’espère que vous apprécierez le spectacle !».

Michael se lève et, d’un haussement d’épaules, il met de côté l’habit qu’il portait et arbore désormais sa tenue de
scène. Puis il décroche son chapeau du porte-chapeaux et disparaît.

La fine équipe :

Le concept «Michael Raisin™» a été développé jusqu’au bout.
Ainsi, les 6 raisins californiens qui accompagnent Michael sur scène ont également leurs notices biographiques. Comme pour la raisinographie de Michael, le vocabulaire se veut fruité et joue avec les mots.

Scan : MICHAELzine


Brad : Influencé musicalement par le label Grotown, il a sillonné dans les années 1980 la scène Rhythm & Bloom (autrement dit «Rythme & Bulbe») aux USA. Brad est un rappeur et un breakdancer reconnu qui collaboré avec plusieurs groupes comme «The Rolling Seeds» ( «des graines qui roulent» que notre imaginaire pourrait associer à «The Rolling Pommes») ou encore «The Yeastie Boys» ( des «garçons fermentés» à ne pas confondre avec les «Beastie Boys»)


Flash : Il a été repéré par la célèbre chorégraphe Peara Abdul (littéralement «Poira Abdul») alors qu’il traversait sans regarder sur Melrose Boulevard. Impressionnée par son sens de la débrouillardise, elle l’a surnommé «Flash».
Le surnom de ce raisin au look «punk» est resté et la carrière de ce raisin-danseur était lancée !


Zero : Grand, robuste et avec des nerfs en acier, il a fait ses armes dans les stocks de la marine U.S.
Cela explique son approche très disciplinée des prestations scéniques. Il s’agit d’un atout qui a permis de modeler cette troupe de raisins en unité de danse en un temps record.


Tim : D’un bout à l’autre, il est toujours couvert de cuir noir. Tim a adopté ce style vestimentaire sophistiqué européen alors qu’il passait des vacances ensoleillées avec d’autres raisins en Italie. Son look lui a permis de jouer un «Raisin Biker» dans un remake du fameux film «The Wrinkled One» (littéralement «Le Ridé», à ne pas confondre avec «The Wild One», un film dans lequel Marlon Brando incarne un biker…)


Duke : Par son comportement maladroit et son style peu orthodoxe, il a attiré l’attention des dénicheurs de talent du CALRAB lors d’un concours.


Buzz : Ce raisin a grandi sous le soleil californien. Il a acquis une renommée internationale en mettant les pieds dans le plat et en faisant partie de l’équipe américaine de surf aux Jeux Olympiques de 1988.
Quand il ne chante pas et ne danse pas, il joue au footbag ou au frisbee sur la plage ou dans la rue.


En conclusion :
Pour la première fois, vous êtes véritablement entré au coeur de l’histoire de la pub impliquant Michael Jackson et réalisée pour les raisins secs californiens en 1989 par les studios Vinton : une publicité au concept délirant développé dans le moindre détail !

Sources : ClaymationKid / Marc Acrylic / MJJ Top News ( Thanks Lid Lily) / MICHAELzine

Article rédigé par :

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