Quincy “Gossip” Jones
Dans une interview publiée il y a quelques jours sur le site « Vulture », Quincy Jones (surnommé « Q ») a tenu des propos négatifs sur Michael Jackson.
Le Roi de la Pop n’étant plus de ce monde, il ne peut répondre à des accusations de plagiat d’un ancien collaborateur et le procédé est donc douteux.
Jones « balance » sur d’autres morts des relations homosexuelles entre Marlon Brando, Richard Pryor, James Baldwin et Marvin Gaye.
Ceux qui pourraient croire qu’il s’agit d’une « interview-vérité » verront leur certitude voler en éclat quand au détour d’une question le même Quincy Jones refuse de parler publiquement des affaires de mœurs de son ami, encore vivant, Bill Cosby.
Il s’agit donc bien d’un choix délibéré de Jones sachant que les médias à la recherche de sensationnel gobent comme des mouches chacune des affirmations pour surfer sur le buzz.
Et quand Mr Jones dit que le principal problème qu’il voudrait éradiquer c’est le racisme, on se demande alors à quoi servent 99% des propos de cette interview.
Mais essayons de comprendre ce qu’il y a dans la tête de Q. Il accuse Michael Jackson de lui avoir « volé un tas de trucs . Il a volé un tas de chansons» .
Jones fait alors le lien entre “State Of Independence” de Donna Summer , version qu’il a produite en 1982, et “Billie Jean” de MJ. Oh Quincy, quelle information primordiale, tu nous livres là. Des éléments de la basse d’une chanson qui n’est même pas entrée dans le Top 40 aux USA, d’une chanson aussi ennuyeuse à écouter et aux sons has been auraient été copiés pour créer “Billie Jean”, l’un des plus grands succès mondial de l’histoire composé par Michael Jackson et un titre indémodable.
Faut-il perdre du temps pour rappeler que sur certains titres, les chansons se nourrissent de diverses influences, d’une basse, d’un riff, d’un rythme et que cela s’est toujours fait dans la composition musicale. Et parmi les centaines d’artistes qui ont collaboré avec Jones, seul Michael Jackson mériterait d’être cité au bataillon ?
Soyons lucide. Si Jones évoquait le même sujet sur d’autres artistes, ça n’intéresserait pas les médias. C’est donc un choix délibéré de sa part pour faire le buzz.
Surtout quand on connaît un peu le monde du jazz si cher à Quincy où les emprunts et les mélanges musicaux (sons, mélodies,…) sont légion. Pour les autres artistes, ça ne dérange pas Quincy, mais pour Michael , il estime que ça ne passe pas…
En réalité, Quincy Jones a besoin de parler de Michael Jackson pour que l’on parle de ses projets actuels et à venir dans différents médias (mais que volontairement nous n’évoquerons pas).
Nous ne développerons pas sur les autres affirmations de Jones pour Vulture. Leur donner un écho n’a pas d’intérêt.
Cherchons plutôt à comprendre les affirmations de Jones à partir de la réalité.
Aux Etats-Unis, il faut payer pour avoir ce genre d’interviews. N’imaginez pas une seconde qu’il s’agit d’un entretien où pour le fun, Quincy s’épanche longuement. Le nombre d’affirmations trash s’enchaine peut être proportionnellement à la somme payée par Vulture pour cette interview.
Si vous ne nous croyez pas… essayez d’obtenir une aussi longue et trash interview gratuitement auprès de Q…
Deuxième aspect, la relation artistique Quincy Jones / Michael Jackson. Elle est marquée par une rupture après l’époque “BAD” que Quincy ne semble avoir jamais acceptée, comme il l’a parfois laissé apparaître dans certaines interviews.
Enfin, en 2014, Jones déclarait :”Je n’ai que de l’amour pour Michael Jackson et nous n’aurions pas fait les disques que nous avons faits sans un véritable amour l’un pour l’autre”.
En 2018, il affirme que Michael a “volé un tas de trucs . Il a volé un tas de chansons.(…)” avant de chercher à démythifier “Billie Jean”.
On peut trouver Quincy déroutant. En réalité, Quincy tient des propos contradictoires, adapte son discours en fonction des personnes qu’il a en face et qui peuvent servir ses intérêts.
Il n’est pas à une contradiction près mais si vous le croyez, vous tombez dans son panneau.
Michael Jackson avait du succès avant de travailler avec Quincy Jones à l’époque des Jackson 5 et il en a eu après sans lui avec les albums « Dangerous » et « HIStory ». Nous ne parlons ici que des ventes d’albums, mais l’époque sans Quincy a aussi atteint des sommets inégalés sur le plan des vidéoclips, des tournées mondiales et prestations scéniques.
Malgré tout, la collaboration avec Mr Jones tient une place à part avec « Off The Wall », « Thriller », « BAD », et même le LP « E.T. The Extra-terrestrial storybook ». A l’époque, il y avait un grand MJ, un grand Quincy Jones, et un grand Rod Temperton.
Quand Quincy parle d’un MJ qui ne créditait pas tout le temps ses collaborateurs, ceux qui font comme si cela n’était jamais arrivé dans le monde de la musique, faussent le débat. Cela a pu arriver à Michael comme cela est arrivé à d’autres artistes.
En fait, Quincy Jones dit avoir eu connaissance de plagiats de la part de MJ ou du fait qu’il n’ait pas crédité des musiciens pour des titres qu’il a en réalité produits. Quincy Jones a donc validé ces plagiats, et ces absences de crédits à l’époque…
Quincy Jones est un artiste musicalement talentueux qui n’a plus rien à prouver. Mais il lui arrive aussi de créer le buzz pour “vendre” ses projets. Relayer des propos provocateurs pour en faire une parole d’évangile, comme le font les médias avec cette interview accordée à “Vulture”, cela témoigne d’un ennui profond.
Rappelez-vous de ce qui se disait du vivant de MJ : le seul fait de mentionner “Michael Jackson” sur un magazine, dans un titre de journal, augmente les ventes de la presse ou l’audience d’un programme TV.
Rien n’a changé. Sortez de cette interview les propos sur MJ, et elle n’aurait pas été autant relayée…
MJLegend
Mise à jour du 24/02/2018 :
Sur son compte Twitter, Jones a publié un message dans lequel il se dit désolé et concède avoir fait une erreur.
Le procédé est classique, à savoir lancer des polémiques, faire le buzz, puis se dire désolé. Quincy Jones est attristé de l’impact négatif sur son image des propos qu’il a tenus.
Avec ce message, Jones montre que ceux qui ont critiqué ses propos dès la parution de l’interview étaient dans le vrai.
Cracher sur les morts , une “erreur” ? Ne serait-ce pas plutôt une faute Mr Jones ???